Mon mémoire d'étude de l'Unité de Biologie Intégrative des Adaptation à l’Exercice
- Patrick Rivière
- 3 janv.
- 31 min de lecture
Unité de Biologie Intégrative des Adaptation à l’Exercice
OPTIMISATION ENERGETIQUE D’UN JOUEUR DE RUGBY A XV
MEMOIRE
En vue de l’obtention du diplôme universitaire E2N2
(Exercice Entrainement Nutrition Nutriment)
Enseignante responsable : Véronique BILLAT
Patrick RIVIERE
Préparateur physique
Année universitaire : 2013 / 2014
Introduction générale
Ce mémoire a pour but de présenter et d’analyser une méthode d’entrainement afin d’augmenter la consommation maximale d’oxygène un joueur de rugby en associant la perte de masse grasse et l’augmentation de la puissance énergétique par une nutrition adaptée.
Dans un premier temps je présente toutes les spécificités et exigences physiologiques à la pratique du rugby à XV.
En deuxième partie je présente je sujet du mémoire, ses caractéristiques anthropométriques, physiologiques en début de cycle d’entrainement, et une analyse de tous les protocoles de tests utilisés.
Enfin je présente la méthode d’entrainement et le programme nutritionnel adapté.
Le rugby à XV, aussi appelé rugby union dans les pays anglophones, se joue par équipes de quinze joueurs sur le terrain plus les remplaçants à l’extérieur, est la variante la plus pratiquée du rugby. L’objectif du jeu est de marquer plus de points que l’adversaire, en marquant soit des essais soit des buts. Le rugby à XV est originaire d’Angleterre et s’est développé à la fin du XIXème siècle dans les pays anglo-saxons (Afrique du sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Royaume-Uni), et en France.
Certaines études affirment que l'ancêtre du rugby est la soule ou, sport très pratiqué en France dès le Moyen Âge. La légende veut qu'au cours d'une partie de football à la mi-1823, William Webb Ellis, élève de ce collège (la Rugby School6) et futur pasteur, porte dans ses bras le ballon derrière la ligne de but adverse alors que la règle est de le pousser au pied. En réalité, les origines du rugby sont bien plus complexes et s'inscrivent dans le contexte du développement de la pratique de sports « collectifs » dans l'éducation des « public schools », notamment la Rugby School avec à sa tête le headmaster (directeur) Thomas Arnold, qui vise dans les années 1830 à rééduquer les enfants des classes aisées (haute bourgeoisie et aristocratie). Le but du jeu consiste à marquer plus de points que l'adversaire. Les points sont obtenus en marquant :
Un essai : un essai est marqué lorsqu’un joueur effectue un touché à terre dans l’en-but
Un but : le ballon passe entre les poteaux, au-dessus de la barre transversale, sur un coup de pied « placé » ou sur un coup de pied « tombé » (drop en anglais) dans certaines circonstances, en particulier comme pénalité infligée à l'adversaire. Sauf pour la transformation évoquée ci-dessus, les buts rapportent 3 points.
TABLE DES MATIERES
1 Le rugby et ses spécificités physiologiques
Le rugby est un sport exigeant sur le plan physique, ce qui demande aux joueurs des qualités physiques polyvalentes. Bien que selon les postes occupés il existe des dominantes dans les morphotypes et parmi les qualités de force, de vitesse, d’endurance et de résistance.
1.1 Distance totale parcourue
L’analyse des résultats de différentes études présentés en tableau 2, montre que les arrières parcourent une distance plus importante que les avants :
Source | avant | arrières |
(1) | 5581 +- 692 | 6127 +-724 |
(2) | 4962 | 5434,5 |
(3) | 6427 | 7002 |
(4) | 5540 | 5900 |
(5) | 6680 | 7227 |
(6) | 5850 | 6545 |
1.2 Catégorie d’intensité
Des études confirment que le rugby est une activité intermittente, constituée de périodes brèves d’activités intenses, entrecoupées de périodes de récupérations, dont la durée et l’intensité varient en fonction du poste. Certains auteurs, proposent de regrouper les activités de faibles intensités en catégorie « arrêt », « marche » et « jogging ». Les activités supérieure à celle du jogging et les phases statiques dans les regroupements type ruck, mêlée, maul sont considérées comme des périodes d’activité intense.
Tableau 3 : Pourcentage de temps passé dans les différentes catégories de faible intensité en fonction du poste
Source | variable | avants | arrières |
(7) | Arrêt Marche Jogging total | 22,7 48,3 17,6 88,6 | 17,9 59,8 15,1 92,8 |
(1) | Arrêt Marche Jogging total | 32,4 35 17 84,4 | 29,3 46 17 92.3 |
(2) | Arrêt Marche Jogging total | 37 28,5 14,5 80 | 32,5 41 14,5 88 |
(3) | Arrêt Marche Jogging total | 40 31 17 88 | 33,2 38,1 16,6 87,9 |
Le pourcentage du temps moyen consacré aux activités de faible intensité représente selon les études entre 80 et 88,6 du temps total pour les avant et entre 88 et 92,8 pour les arrières.
Tableau 4 : Temps passé dans les activités de haute intensité en fonction du poste
Source | Avants | Arrières |
(7) | 10’49’’ | 8’05’’ |
(1) | 9’09’’ | 4’04’’ |
(2) | 16’55’’ | 9’30’’ |
La tendance générale indique que les avants sont plus impliqués dans des activités de haute intensité que les arrières. Cette différence s’explique par le temps passé par les avants dans les activités statique et notamment les mêlées.
La particularité du rugby réside dans le fait que chaque action intense démontre une durée moyenne relativement faible. Par exemple, le championnat anglais démontre que la durée moyenne d’une mêlée est de 5,8s et la durée des activités de course intense (>5,5 m.s-1) inférieure à 2 s (7).
1.3 Morphotype
| Taille (cm) | Poids (kg) | Masse grasse (%) |
Avant | 190,1 +-8,5 | 105,6 +-12 | 16,9 +-3 |
Arrière | 181,3 +-3,8 | 86,65 +-6.4 | 12,8 +-2,8 |
Tableau 5 : (8)
Les joueurs de rugby présentent des mensurations très variables. Ces variations de poids et de taille sont plus marquées chez les avants. Le pourcentage de masse grasse est plus important chez les avants que chez les arrières. En prenant compte l’ensemble des sportifs toute disciplines confondues, la masse grasse des joueurs est au-dessus de la moyenne(9). Cet excès est un handicap pour les déplacements, dans un jeu de mouvements et d’enchainement souhaités par le rugby moderne. Il devient une entrave à une performance optimale.
1.4 Consommation maximale d’oxygène
L’estimation de la consommation maximale d’oxygène des joueurs de l’équipe de France donne des valeurs de 54,8 ml min-1 kg-1 en moyenne pour les avants, et de 61,1 ml min-1 kg-1 en moyenne pour les arrières (8). Le VO2max s’avère être un paramètre essentiel pour quantifier la performance physique des joueurs. Un VO2max élevé permet d’être plus actif, sans ressentir précocement la fatigue. Dans la mesure où elle autorise un plus grand nombre d’exercice de haute intensité au cours de l’entrainement, elle joue aussi un rôle dans la récupération et la capacité de supporter d’importantes charges d’entrainement au cours d’une saison.
1.5 Vitesse maximal aérobie
Poste | Avants | Arrière |
VMA | 15,5 +- 0,8 | 16.4 +- 1,1 |
Tableau 6 (10)
Si l’on à vue précédemment l’importance de VO2max comme témoin du potentiel aérobie, il est plus utile sur le terrain d’avoir recours à la vitesse maximale aérobie (VMA). Elle correspond à la plus petite vitesse qui induit le plafonnement de la consommation d’oxygène. Les résultats de l’étude présentée au tableau 6 démontre une différence majeure selon le poste pour le XV de France. Cette vitesse maximale aérobie est un indicateur intéressant pour l’entraineur. En effet selon le but recherché, la charge individuelle d’entrainement est prescrite selon une fraction bien déterminée de la vitesse maximale aérobie.
1.6 Le métabolisme anaérobie
Le rugby moderne exige une part importante de la filière anaérobie, à cause de la durée et de l’intensité croissante des enchainements et de la réduction de temps de récupération. Dans des années 1970, lors d’une rencontre internationale, on compte 135 enchainements de jeu d’une durée moyenne de 10 s pour moins de 20 min de jeu effectif. Plus récemment on retrouve 62 enchainements de jeu d’une durée moyenne de 35s pour plus de 36 min de jeu effectif (Fédération française de rugby). Lors d’un match il est rare de trouver de très fortes concentrations de lactate (8,5 mmol/l en moyenne par match)(11) à cause des temps de pause entre deux phases de jeu intenses permettant de métaboliser les ions lactates produit.
1.6.1 Sprint avec changement de direction
Pour déséquilibrer une défense adverse, le joueur utilise souvent les courses avec changement brusque de direction suivies d’accélérations. G. Cazorla et al 2008(12) ne trouvent pas de corrélation entre la force maximale et la performance de course en crochet. Ce n’est donc pas la force maximale des membres inférieurs qui prévaut dans la réalisation des sprints avec changement de direction mais l’interaction de la vitesse, de la force maximale et de la masse maigre relative et le développement de la coordination. Autrement dit de la puissance musculaire.
1.7 Exercice intermittent statique
Le rugby se démarque des autres sports collectifs par l’affrontement direct des joueurs autour de phases de jeu statique ou quasi statiques dans les mêlées, les rucks ou les mauls. Milburn mesure des forces de pics de 7952 N lors de l’impact de la mêlée et des forces moyennes de 5761 N lors de la poussée. L’évolution du rugby a eu un impact sur les caractéristiques physiques des joueurs. Ainsi Preatoni et coll 2013 mesures des forces de pic de 16500 N à l’impact et des forces moyennes de 8300 N lors de la poussée en mêlée. Les premières lignes produisent en moyenne 42% de cette force totale, les 2èmes lignes 37% et les 3èmes lignes 25% de la production de force totale. En conséquence, les joueurs les plus performants en mêlée sont les joueurs possédant une masse musculaire plus importante. Les joueurs réalisent des contractions de types isométrique de hautes intensité voire d’intensité maximale. La puissance musculaire des membres inférieurs chez les avant, plus particulièrement les 1ères et les piliers, est significativement plus importante que celle des arrières. Ce fait s’explique par l’importance du travaille effectuer lors de la mêlée.
2 Evaluation et méthodes
2.1 Sujet
Un joueur de rugby évoluant dans le championnat de France de rugby à XV de 1ère division fédérale, nommé B.B, constitue le sujet de mon mémoire. Appelé plus simplement Fédérale 1 c’est l’antichambre des deux divisions professionnelles (TOP 14 et Pro D 2). Autrement dit la troisième division. La préparation se déroule pendant la phase d’intersaison en fin de championnat. L’athlète fut durant la saison, sujet à un claquage aux ischios jambier.
Tableau 7 : Valeurs anthropométrique et physiologique de Batiste au 1er jour de sa prise en charge
Poste | 1ère ligne Talonneur |
Age | 27ans |
Taille (cm) | 180 |
Poids (kg) | 109,9 |
Masse Grasse (%) | 22 |
VMA (km/h) | 15 |
VO2max ml min kg | 52.5 |
FC max / FC repos | 182/65 |
Vitesse sur 30m (km/h) | 23 |
Puissance lactique (m)/ distance totale(m) | 152.5/671.5 |
Force maximale squat (kg) | 130 |
Force maximale soulever de terre (kg) | 160 |
Force maximale soulever développer | 120 |
2.2 Protocole de tests
Pour mesurer l’influence de la préparation physique sur les qualités athlétiques et énergétiques du joueur, une série de tests a été mise en place. Ces tests pratiqués régulièrement lors de fin de cycle d’un entrainement, ont pour objectif l’appréciation de la condition physique du joueur.
2.2.1 Masse grasse
Le pourcentage de masse grasse a été mesuré par la méthode des plis cutanés
2.2.2 Vitesse maximale aérobie (VMA)
La VMA a été déterminé sur une piste d’athlétisme ou le sujet, après un échauffement, devait effectuer sa meilleure performance de course sur une distance de 1500 mètres. En effet selon la distance choisie pour l’entrainement, l’endurance de moyenne durée dépend du métabolisme anaérobie et aérobie dans les proportions qui peuvent être totalement opposée : respectivement 20/80% ou l’inverse. Pour la distance de 1500 m, la part d’énergie anaérobie et aérobie est égale (50/50%) (13). Le 1500m se court à 100% de vVo2max. Les facteurs limitant de l’endurance de moyenne durée sont :
- Le niveau de capacité aérobie
- le niveau de capacité anaérobie
Je choisi cette distance comme marqueur de l’évolution de la condition physique du sujet.
2.2.3 Volume maximal d’oxygène (VO2max)
A partir de la donnée précédente (VMA), la consommation maximale d’oxygène (VO2max) est calculée à l’aide de l’équation de Léger et Mercier (14):
- VO2max (ml min-1 kg-1) =3,5 * VAM
2.2.4 Puissance lactique / capacité lactique
Le test lactique, spécifique à l’activité rugby, est une épreuve de terrain qui permet de mesurer la résistance à la fatigue, la chute de la vitesse et la distance totale parcourue (m). Pour ce test, des plots sont placés tous les 5 m. Après un échauffement de 15min, on demande aux sujets de courir le plus rapidement possible, sans arrêt, du plot n°1 au plot n°2, du n°2 au 1, du 1 au 3, du 3 au 1, du 1 au 4…. Après 30 s d’effort, pendant lesquelles le joueur doit parcourir la plus grande distance possible, celui-ci s’arrête pour 35s de récupération. Il répète ensuite cet exercice à 6 reprises.
Figure n°1 : protocole du test lactique

2.2.5 vitesse de sprint sur 30 mètres
L’épreuve de vitesse de sprint sur 30 mètres se déroule sur une piste d’athlétisme en ligne droite. Après un échauffement, le joueur effectue sa meilleure performance sur cette distance. Cette course donne une indication de la faculté d’accélération. Il existe des synonymes : vitesse d’action, force de sprint ou accélération de sprint.
Chez les sprinter de haut niveau de performance la vitesse maximale est atteinte au bout de : 50m pour Mitchell et de 80m pour Lewis.
Il faut noter à ce propos, que la faculté d’accélération dépend dans une large mesure du niveau de force du sportif, de la programmation acyclique, de la vitesse de transmission nerveuse, le délai de réaction réflexe et la structure des fibres musculaire.
2.2.6 Force maximale
Les tests de force maximale se déroulent à la 1 répétition maximale (1RM). Après un échauffement spécifique, L’athlète effectue sa meilleure performance sur une seule répétions. La charge (kg) est validée si le joueur parvient à la vaincre sur les trois mouvements de force athlétique : le squat, le développé couche, le soulevé de terre. L’entrainement de la force revêt une fonction importante dans plusieurs domaines :
- Perfectionner les capacités techniques et les capacités de condition physique
- Amélioration de la faculté à s’imposer en particulier dans l’affrontement à deux
- Pour une meilleure tolérance de charge de travail au cours d’une saison
- Pour améliorer la coordination intra et intermusculaire
En effet on observe à la suite d’un entrainement de la force une plus forte activité de L’EMG et une augmentation de la section du groupe musculaire entrainé.
3 Optimisation énergétique, méthode d’entrainement
L’objectif et d’optimiser tous les marqueurs de la performance sportive observe précédemment au terme d’une durée d’entrainement de 7 semaine. Je découpe la période en cycle de travail comme suit
Tableau 8 : Type de séance par micro cycle (7 semaines) 1ère partie de tableau : travail des qualités de force, de mobilité, de la condition physique. 2ème partie de tableau : Séance de course à pieds. Ne tient pas compte de l’ordre des séances dans le micro cycle.
Cycle de travail de 7 semaines
| ||||||
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 |
Condition physique
| ||||||
°renforcement musculaire : endurance, agoniste antagoniste, pour un rééquilibrage musculaire. Méthode excentrique pour prévenir toute rechute de claquage aux ischios jambier. | °Renforcement musculaire, méthode mixte.
°exercice de vitesse acyclique
| °Travail de la force, méthode de la super pompe.
°exercice de vitesse acyclique
°motricité athlétique
| °Travail de la force idem que semaine 3 avec augmentation du volume de travail
°exercice de vitesse acyclique
| °Travail de la force, méthode de la charge maximale
°motricité athlétique
°exercice de vitesse acyclique
| °exercice de vitesse acyclique | °Travail l’explosivité, méthode du contraste de charge
°motricité athlétique
°exercice de vitesse acyclique |
Course à pieds
| ||||||
°Courses en aisance respiratoire (CAR) | °augmentation de la distance, de l’allure, et du volume de course | °meilleure performance sur 1500m °Temps limite °Séance en consigne de distance (SCD) °CAR | °Séance consigne de vitesse (SDC) °Intermittent 15-15 pendant 5min (15-15) °CAR | °15-15 pendant 10min °30-30 pendant 5min °CAR | °30-30 10min °Séance consigne accélération moyenne pendant 5min (SCAm) °Séance consigne accélération force pendant 2min (SCAf) °SCAd + décélération douce jusqu’à une vitesse de confort puis maintien pendant 50min ou plus.
|
°SCAm Séance consigne accélération douce pendant 10min puis décélération progressive °CAR
|
3.1 Analyse des séances de courses à pieds
Durant l’entraînement ou durant une compétition, l’athlète perçoit l’effort d’une manière plus ou moins importante selon l’intensité de l’exercice. Il peut être mesuré par l’interprétation de la fréquence cardiaque grâce au cardio-fréquencemètre ou par l’interprétation des signes cliniques extérieurs, comme la vitesse respiratoire ou l’augmentation de la sudation. On peut également mesurer le taux de lactate à travers les prises de sang démontrant ainsi le niveau de l’effort.
Borg(15) a mis au point une échelle de correspondance de la fréquence cardiaque, partant de l’hypothèse selon laquelle la perception de la difficulté de l’effort est proportionnelle à la fréquence cardiaque et à la lactatémie. Il suffit de multiplier par 10 l’indice, pour retrouver la fréquence cardiaque.
Dans les tests efforts sportifs l’échelle de Borg a une place importante. Elle permet d’évaluer l’effort subjectif et donne une information complémentaire qui permettra à l’athlète dans ces entraînements futurs ou durant une compétition d’évaluer instantanément son niveau d’effort.
Perception | Lactate | Respiratoire | Remarques |
6 Très, très légère |
| 12 à 15 R/m |
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7 |
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| Tenir une |
8 |
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| conversation |
9 Très légère |
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10 |
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11 Moyenne | -4 mmol/L | 25 à 30 R/m | 10 mots |
12 |
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13 Un peu difficile |
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| 3 mots |
14 |
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15 Pénible | 4 mmol/L | 45 à 50 R/m |
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16 |
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17 Très Pénible |
|
| 1 mot |
18 | +4 mmol/L | + de 60 R/m |
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19 Très, très pénible |
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20 |
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| Rien |
3.1.1 Course test 1500 mètres et course au temps limite VMA (TLV)
Course | FC max (bpm) | Temps de course | Vitesse moyenne (km/h) | Echelle de Borg |
1500m libre | 182 | 6’32’’ | 13,78 | 18 |
Temps limite | 182 | 6’38’’ | 13,57 | 18 |

Graphique 1 : représente en bleu la courbe de vitesse (axe secondaire) et de fréquence cardiaque du 1500m libre, en rouge la courbe de vitesse (axe secondaire) et de fréquence cardiaque de la course au temps limite avec vitesse imposé.
1500m libre : Comme vu précédemment, cette course permet de déterminer VMA. Dans la première partie de la course, on observe dès le départ, une accélération (4:08 min/km), puis une décélération progressive jusqu’à se stabiliser à une vitesse moyenne de 5 :05min/km. En troisième phase et dernière phase de course on note une tentative d’accélération finale sans jamais réussir à atteindre le niveau d’accélération de départ (preuve de la faiblesse du métabolisme anaérobie). La fréquence cardiaque (FC), le volume d’éjection systolique et le débit cardiaque monte rapidement dès le départ de la course pour se stabiliser en plateau dans la deuxième phase. Troisième phase il apparait une montée très progressive mais visible de la FC, et ce bien avant la tentative d’accélération finale. C’est à la toute fin de la course lors de l’accélération finale que l’on enregistre la plus haute fréquence cardiaque de l’épreuve.
Temps limite : La course au « temps limite », dans ce cas précis, permet de valider les résultats de vitesse (VMA). L’athlète est équipé d’une montre indiquant sa vitesse. Il a donc pour consigne, après un échauffement, de maintenir dès le départ et ce jusqu’à la fin (sans accélération et décélération) la vitesse moyenne de course réalisé sur le 1500m libre. Si l’athlète s’arrête à 1500m, on considère que la vitesse correspond à VMA le test est validé. Dans le cas présent, Le joueur parcours une distance de 1500m en 6’38’’ au lieu 6’32’. Le test est concluant. On distingue deux types de sujet, ceux qui peuvent maintenir leur effort temps limite à VO2max pendant 6 minutes et ceux qui peuvent le tenir plus longtemps.
Le temps limite est un paramètre de la charge d’entrainement afin de l’individualiser de façon la plus précise possible. En effet le temps limite à la VMA est utilisé pour calibrer l’entrainement visant l’amélioration de la VO2max :
- Un sportif peu, en respectant une durée d’entrainement égale à la moitié du TLV, répéter au maximum 5 fractions de durée égale à la moitié du TLV. Les temps de récupération courus à 60% de VMA sont égaux aux temps des fractions courues à 100% de VMA (12).
En plus de valider la VMA, la combinaison de ses deux courses permet au sportif n’ayant jamais pratiqué la course d’athlétisme, d’apprendre se placer sur une allure moyenne précise en fonction du besoin de l’entrainement, ou de la compétition, sans avoir de repère autre que ses sensation de vitesses intrinsèque. Ainsi de mieux gère une stratégie de course donc d’effort.
3.1.2 séance consigne de vitesse accélération douce pendant 10 minutes
FC max (bmp) | Temps moyen de course | Vitesse moyenne (km/h) | Vitesse maximale | Echelle de Borg |
184 | 12’05’’ | 9,93 | 13,24 | 17 |

Graphique 2 : en bleu courbe de vitesse, en rouge courbe de FC
La consigne est passé au joueur d’accélérer très progressivement jusqu’à arriver à sa VMA. Ainsi le sujet à effectuer 12’05’’ de course à une allure moyenne de 9,93 Km /h. Une vitesse de maximale de 13,24 km /h est enregistré. Il est à noter que dans ces conditions le sujet parcours 2km. Il intéressant à noter que bien que la vitesse de course moyenne est nettement inférieur aux 2 courses précédentes, la fréquence cardiaque augmente rapidement de 100 bmp à 140 bmp en quelques seconde, puis augmente de façon linéaire en fonction de la vitesse tout comme la consommation d’oxygène. Elle dépasser le maximum relevé dans les courses précédentes.
L’augmentation du débit cardiaque pendant un exercice progressivement croissant est rendue possible par une diminution des résistances périphérique à l’écoulement du sang et par une augmentation de la pression artérielle moyenne (16).
3.1.3 Intermittent 15-15 pendant 5 minutes et 30-30 pendant 10 minutes
Course | FC max | Temps de course | Vitesse moyenne (km/h) | Vitesse maximale | Echelle de Borg |
15-15 5’ | 179 | 5’ | 11,18 | 19,35 | 18 |
30-30 10’ | 183 | 10’ | 10.68 | 18,65 | 17 |

Graphique 3 : représente en bleu la courbe de vitesse (axe secondaire) et de la FC de la course 15-15, 5’ et en rouge la courbe de vitesse (axe secondaire) et de la FC de la course 30-30, 10’.
Il est à noter qu’entre ces deux courses, s’intercalent deux autres courses intermédiaires, soit 15-15 pendant 10’ et 30-30 pendant 5’. La course intermittente faisant partie d’une phase dans le protocole d’entrainement, il ma parut d’intéressant d’analyser ce qui se passe en début de phase (15-15 5’) et en fin de cette phase (30-30 10’).
15-15 5’ : La consigne est la suivante, accélération pendant 15 secondes puis 15 secondes de course plus lente, et ce pendant 5 minutes. Le sujet, sur cette épreuve atteint de suite son pic de vitesse (19,35km/h) dès la première accélération. Puis très vite à partir de la deuxième accélération sa vitesse diminue sur toutes les autres phases d’accélération. On voit à la moitié de la course la volonté d’accélérer sans jamais pouvoir réitérer la performance de départ. La FC quant à elle, atteint très rapidement un plateau avec très peu de fluctuation du aux phases plus lentes. La diminution de la fréquence cardiaque pendant l’effort dépend de la condition physique du sportif. Les phases lentes de 15 secondes ne permettent pas une récupération suffisante. Les intervalles de 15 secondes courue à 100% de la vitesse associé à VO2max, alterné avec 15 secondes courus 40-50% conduisent la FC très tôt à partir de la 5ème répétition (17). Dans le but d’amélioration du débit cardiaque ce type d‘entrainement et efficace.
30-30 10’ : Idem pour la consigne, en remplaçant les valeurs pas 30 secondes et le temps de course par 10 minutes. La vitesse maximale est atteinte dès le départ 18,65 km/h. En revanche, même si la vitesse démunie, elle se stabilise à une valeur supérieur à la course précédente. L’athlète à même la possibilité d’accéléré en fin de course. La FC monte rapidement, puis marque dans le graphique une allure de courbe en dents de scie, caractéristique des phases d’accélération et des phases plus lentes. Elles sont nettement plus marquées que lors de la course précédente. En effet du rapport entre la durée des répétitions à hautes et basses puissances, va dépendre l’évolution de la FC. Celle-ci augmente très progressivement pendant la course. La capacité à réitérer les accélérations est meilleure que précédemment, l’essoufflement et moins important lors des phases lente. Les phases lentes cette fois ci permettent de réajuster ses cycles respiratoire, et autorise à l’athlète une intensité (vitesse) et un volume (temps) plus important.
3.1.6 SCAd + décélération douce jusqu’à une vitesse constante de confort puis maintien pendant 45min
FC max | Temps de course | Vitesse maximale (km/h) | Vitesse moyenne à maintien allure de confort (km/h) | Echelle de Borg |
183 | 46’ | 16,51 | 10,65 | 17 |

Graphique 5 : représente en bleu la courbe de vitesse (axe secondaire) et en rouge la courbe de FC
Ici, la première partie de la course se déroule conformément à la SCAd décrite plus haut, on ajoute à cela une décélération progressive, puis on maintient son allure de confort pendant 45min ou plus. La FC monte progressivement pour atteindre un pic en fin de SCAd puis diminue conformément à la décélération. On observe sur la phase de vitesse constante une augmentation progressive de la FC au fur et à mesure que le temps de course s’allonge. En effet pour faire face à la demande métabolique qui ne diminue pas au cours de la course à vitesse constante, le débit cardiaque est maintenu constant grâce à l’augmentation de la FC.
3.1.7 Course test 1500 mètres en fin de cycle
FC max | Temps moyen de course | Vitesse moyenne | Echelle de Borg |
196 | 5’37’ | 16 | 19 |

3.1.8 Analyse de la progression en fin de cycle
| VMA (km/h) | VO2MAX | FC max | FC repos |
Début de cycle | 15 | 52,5 | 184 | 65 |
Fin de cycle | 16 | 56 | 196 | 60 |
Le cœur, l’élément déterminant de la performance sportive :
La bradycardie (baisse de la FC de repos) observé serait due à la stimulation du nerf parasympathique et à l’inhibition du sympathique. Egalement à des adaptations cellulaires au niveau du nœud sino-auriculaire. Elle permet un meilleur remplissage diastolique et une perte d’énergie moindre lors de la contraction cardiaque.
L’augmentation de la FC max et due à un accroissement de la contractilité du myocarde. Le myocarde se contracte plus rapidement. Cette vitesse de contraction est la conséquence d’une activité accrue de l’enzyme ATpase(18). Un entrainement en endurance favoriserait la dilation du ventricule gauche tandis qu’un entrainement de musculation favoriserait l’augmentation de l’épaisseur des parois du myocarde(19). On observe donc une augmentation du débit cardiaque.
Le débit cardiaque augmente en proportion directe avec les besoins métabolique de l’organisme. Le principal facteur limitant de VO2max étant le débit cardiaque(20) on observe en fin de cycle d’entrainement une amélioration de VO2max couplé à une amélioration de la VMA.
BIBLIOGRAPHIE PARTIE SPORT
(1)Roberts SP, Trewartha G, Higgitt RJ, et coll. (2008) The physical demands of elite English rugby union. J Sports Sci 26:825–833.
(2)Austin D, Gabbett T, Jenkins D (2011) The physical demands of Super 14 rugby union. J Sci Med Sport 14:259–263.
(3)Coughlan G, Green B, Pook P, et coll. (2011) Physical game demands in elite rugby union: a global positioning system analysis and possible implications for rehabilitation. The Journal of orthopaedic and sport physical therapy 41:600–605.
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(21)V Billat (2012) Physiologie et méthodologie de l’entrainement, de la théorie à la pratique. De Boeck. 3ème édition – 6-172
3.2. Prise en charge nutritionnelle du sportif B.B.
3.2.1. La nutrition du sportif (1)
Une alimentation équilibrée et diversifiée doit permettre de couvrir les besoins nutritionnels d’un individu (macronutriments, micronutriments, vitamines, énergie). Le sportif a les mêmes besoins qu’un individu bien portant non sportif, toutefois compte tenu de son niveau de pratique, de la fréquence/durée/intensité/type d’entraînement et des spécificités liées à sa discipline, des adaptations quant aux ANC (Apports Nutritionnels Conseillés) sont envisagés.
3.2.1.1. Rappels sur les ANC du sujet adulte bien portant (1)(2)
Les ANC pour la population française indiquent que les proportions en macronutriments sont les suivants :
Ø P (protéines) = 11 à 15% AET (Apports Energétiques Totaux)
En favorisant les protéines de HVB (haute valeur biologique), riches en acides aminés essentiels.
Avec un rapport PA / PV ≥ 1 (PA : protéines animales, PV : protéines végétales), afin d’optimiser les synthèses protéiques.
wPA : viandes, poissons, œufs, produits laitiers
wPV : céréales, légumes secs, algues, soja…
Des apports de sécurité de 0,83g/kg de poids corporel/j.
Ø L (lipides) = 30 à 35% AET (les ANC revus en 2011 indiquent 35 à 40%AET)
Avec un rapport LV / LT >50% (LV : lipides végétaux, LT : lipides totaux) et la répartition suivante an acides gras :
wAGS (acides gras saturés) = 25% (graisses animales : beurre, crème, saindoux, fromages, charcuteries…, graisses végétales : huile de palme, huile de coprah…)
wAGMI (acides gras mono-insaturés)= 50% (huile d’olive)
wAGPI (acides gras poly-insaturés)= 25%, avec un rapport ω6 / ω3 ≤5 (10g/j d’acide linoléique ð œuf, huile de tournesol, pépins de raisins…, 2g/j d’acide alpha-linolénique ð poissons gras, huile de colza, huile de noix…)
Ø G (glucides) = 50 à 55% AET
Avec des apports minimaux de 150g/j et la répartition en glucides suivante :
wGC (glucides complexes) = 50-55% (céréales, légumes secs, tubercules, racines, fruits amylacés, légumes…)
wGS (glucides simples) = 45-50% (fruits, laitages)
wproduits sucrés < 10%AET (pâtes à tartiner, confiseries, chocolat, sodas, jus de fruits…)
On note également que les apports en fibres doivent être de 25 à 30g/j (dont 10 à 15g de fibres solubles), présentes dans les aliments végétaux.
Concernant les micronutriments :
Ø Fer = 9mg/j pour les hommes, 16mg/j pour les femmes (viandes, œufs, poissons, céréales et produits dérivés, légumes secs…).
Ø Calcium = 900mg/j (laitages, végétaux, eaux calciques).
Ø Magnésium = 420mg/j pour les hommes, 360mg/j pour les femmes (cacao, chocolat, graines oléagineuses, céréales complètes, crustacés, mollusques…).
Ø Sélénium = 60 mg/j pour les hommes, 50 mg/j pour les femmes (poissons, coquillages, crustacés, viandes, produits laitiers, œufs…).
Ø Zinc = 12mg/j pour les hommes, 10mg/j pour les femmes (viande, poisson, huîtres, coquillages, céréales complètes, œufs).
Ø Cuivre = 2mg/j pour les hommes, 1,5mg/j pour les femmes (foies, crustacés, légumes secs, noix)
Ø Sodium = pas de consensus sur les apports conseillés, aussi on tolère une consommation usuelle de 6-8g/j (sel de table, charcuteries, pains, biscottes, fromages, plats industriels, eaux gazeuses…)
Les vitamines, en particulier :
Ø Vitamine C : 110mg/j (fruits et légumes frais)
Ø Vitamine D : 5 mg/j (poissons gras, œufs, laitages non écrémés)
Et l’eau : 1mL pour 4,18kJ (soit 1kcal), avec un apport minimal de 1,5L/j dont la moitié sous forme d’eau de boisson, les autres apports pouvant provenir d’aliments solides, en particulier des végétaux (fruits et légumes frais).
3.2.1.2. Adaptations des ANC pour le sportif (2)
Avant toute chose, il est nécessaire de distinguer les différents niveaux de pratique sportive pour des sujets actifs. En effet, les besoins et exigences nutritionnels sont alors différents : en effet pour un sportif « loisir » (pratique sportive ≤ 3 séances/semaine), ses apports nutritionnels sont calés sur les ANC, sans adaptation particulière.
En revanche, pour un sportif entraîné, voire de haut niveau, les ANC sont adaptés :
| protéines
| lipides | glucides |
bien portant non sportif | 11 à 15% AET | 30 à 35% AET | 50 à 55% AET |
sportif force (voire augmentation de la masse musculaire) | ≈15%AET 1,4-1,6g/kg/j (maintien) 1,6-2g/kg/j (développement) | 15 à 25% AET | 50 à 55% AET |
sportif endurance
| 15% AET 1,2-1,4g/kg/j | 25% AET | 60-70% AET 5-12g/kg/j |
Les apports en eau journaliers sont nécessairement majorés et directement dépendant de la dépense énergétique (DE) lors de l’entraînement. Pour évaluer les besoins hydriques, la méthode de la double pesée est simple et facilement réalisable : le sujet est pesé avant et après sa séance afin d’évaluer ses pertes hydriques (exprimées en % de poids corporel, pc). Ce poids perdu en eau, est multiplié par 1,5 voire 2, pour déterminer la quantité de boisson à absorber au cours de la séance. Il est à noter qu’une perte de 2% de pc, entraîne une diminution de 20% des capacités physiques (3).
Une conséquence de ces pertes hydriques accrues, est la nécessité d’apporter du sodium à l’exercice, en particulier si le débit sudoral est assez important (>1L) et si l’exercice est réalisé en ambiance chaude avec une durée de 1h ou davantage. Dans ce cas, il faut apporter 1-1,5g de sel de table (NaCl) par litre de boisson.
Il faut également porter une vigilance particulière aux éléments anti-oxydants car le sujet entraîné voire très entraîné, est davantage soumis au stress oxydatif et à la production de radicaux libres. On veille aux apports en vitamine C, E, bcarotène, sélénium, au travers d’une alimentation diversifiée et équilibrée, permettant de couvrir à elle-seule les besoins nutritionnels du sportif. L’utilisation de compléments ou suppléments alimentaires n’est pas justifiée pour des sujets sains (2).
D’autre part, des apports énergétiques totaux (AET) d’au moins 2000 kcal, permettent de couvrir les besoins en vitamines du groupe B, celles-ci étant impliquées dans le métabolisme énergétique et protidique.
3.2.1.3. Données sur le rugbyman : dépenses/exigences énergétiques, données anthropométriques…
Selon le poste auquel évolue un rugbyman, les caractéristiques morphologiques différent. En effet, le taux de masse grasse (%MG) d’un joueur avant est plus élevé (16,9%) que celui d’un joueur 3/4 ou arrière (12,8%) (4) :

Le %MG des rugbymen est au-dessus de la moyenne des sportifs :

Par conséquent, une diminution de ce %MG est un objectif prioritaire dans le cadre d’une préparation sportive et nutritionnelle d’un rugbyman, quelque soit le poste de jeu considéré. Le rugby « moderne » a évolué, avec des durées de temps de jeu qui ont augmenté et en parallèle des temps de récupération qui ont diminué (6). On assiste à un jeu avec davantage de mouvements avant/arrières et d’enchaînements (4).
Les différences selon le poste occupé ne s’arrêtent pas là. Il apparaît que le stress cardiaque est plus important pour un joueur avant que pour un joueur 3/4. Cela peut s’expliquer par une durée et une intensité réelle d’exercice plus importantes, des périodes de récupération plus courtes, avec une implication fréquente dans des tâches de combats/d’impacts sollicitant l’ensemble de la musculature (7). Ainsi, pour un talonneur, la sollicitation est beaucoup plus forte que pour un joueur 3/4, du fait de ces phases de lutte pour le ballon (mauls, mêlées) associées à des courses, alors que le joueur 3/4 n’est plutôt impliqué que dans les courses.
Il ressort que durant un match, un talonneur (7) :
- a une fréquence cardiaque (FC) >85% de la FC max, pendant près de 80% de la durée de la rencontre ð contribution importante des filières énergétiques anaérobies pour compléter celle des filières aérobies,
- a peu de temps de récupération, et ne récupère que partiellement,
- a l’un des ratios temps de travail/temps de récupération le plus élevé de l’équipe,
- a une FC augmentée de 10bpm avec des combinaisons d’actions physiques statiques et dynamiques (vs dynamiques seules),
- a l’ensemble de sa musculature sollicitée de façon isométrique et anisométrique (ð effets sur les niveaux de FC atteints : 175 à 190 bpm)
Remarque : on note plutôt une récupération passive chez les avants, ce qui peut expliquer les valeurs de FC observées (les ions lactate produits étant alors moins rapidement catabolisés).
Par conséquent, l’entraînement d’un talonneur a une orientation anaérobie (mais pas uniquement) pour répondre aux spécificités de son jeu : efforts de type explosif intermittent avec des phases d’efforts maximal d’une durée de 5 à 15 secondes, et des récupérations passives à semi-actives d’environ 40 secondes (6). Un entrainement aérobie fractionné, avec des exercices très intenses de 30 secondes, permet d’accroître l’activité des enzymes glycolytiques (hexokinase et phosphofructokinase) de +10 à +25% (8).
Par ailleurs, comme nous l’avons vu, le rugby actuel présentant des durées de temps de jeu augmentées avec des temps de récupération diminuées, la filière anaérobie lactique est davantage mise en jeu ð sollicitation importante du glycogène musculaire et/ou voire hépatique (9).
En toute logique, les AET d’un joueur avant sont supérieurs à ceux d’un joueur 3/4 (9) :
observations de 40 joueurs semi-professionnels (23,6 +/-3,9ans) | avants | trois-quarts |
IMC (kg/m²) | ≈ 31,5 | ≈ 25,8 |
AET (kcal) spontanément ingérés | ≈ 4086 | ≈ 3782 |
MB (kcal) | ≈ 2329 | ≈ 1972 |
En période d’entraînements et match, les apports conseillés en glucides sont de 8g/kg/j et en protéines sont de 2-2,5g/kg/j (9). Du fait de percussions, chocs répétés et d’exercices courts très intenses sollicitant des contractions musculaires excentriques, les effets sont délétères pour les membranes des cellules musculaires, et donc la fonction musculaire. Ceci concerne tout particulièrement les avant dont talonneurs. Le besoin protidique est donc élevé.
3.2.2. Méthodologie
Afin de proposer un programme alimentaire adapté au rugbyman B.B., il est indispensable de se renseigner, de se documenter afin de connaître les spécificités de son sport et de son poste de talonneur.
La mise en place d’un tel programme nécessite de recueillir au préalable toutes les données concernant B.B. (questionnaires) : données anthropométriques, antécédents médicaux (pathologies, blessures…), hygiène/mode de vie, environnement social/familial, modes de consommation, consommations spontanées, planning hebdomadaire/niveau d’activité physique….
Les DE journalières sont évaluées grâce au planning hebdomadaire recueilli, au niveau d’activité physique (NAP) attribués à chaque tâche de la journée et rapporté à la durée de la tâche (10) :
catégorie | Nombre d’heures Jour travaillé/ jour repos | Activités |
A | / | Sommeil et sieste, repos en position allongée
|
B | / | En position assise : repos, TV, micro-ordinateur, jeux vidéos, jeux de société, lecture écriture, travail de bureau, couture…, transport, repas |
C | / | En position debout : toilette, petits déplacements, dans la maison, cuisine, travaux ménagers, achats, travail de laboratoire, vente, conduite d’engin |
D | / | Femmes : marche, jardinage ou équivalent, gymnastique, yoga Homme : activités professionnelles manuelles, debout, d’intensité moyenne (industrie chimique, industrie des machines outils, menuiserie…) |
E | / | Hommes : marche, jardinage, activités professionnelles, d’intensité élevée (maçonnerie, plâtrerie, réparation auto…)
|
F | / | Sport, activités, professionnelles intenses (terrassement, travaux forestiers…)
|
TOTAL
| 24H / 24H |
|
Afin de suivre l’évolution du %MG de B.B. il est pesé à jeun et mesuré une fois par semaine. La technique utilisée est celle des 4 plis cutanés (biceps, triceps, sous-scapulaire, supra-iliaque), mesurés avec une pince Harpenden.
En réalisant pour chaque pli 5 mesures (la moyenne géométrique étant alors faite pour chacun des 4 plis afin d’obtenir 1 mesure pour chacun des 4 plis.) A partir de là, la somme S des 4 plis est réalisée et rentre dans le calcul de la densité corporelle BD :
BD = C – (M xLog x S)
Où C et M dépendent de l‘âge et du sexe du sportif (cf tables)
Ensuite, le pourcentage de masse grasse MG, est calculé grâce à l’équation de SIRI :
%MG = [(4,95/BD)-4,5] x 100
3.2.3. Recueil des données : les habitudes hygiéno-diététiques de B.B.

B.B. souhaite perdre un peu de poids et en particulier de la MG, car il se sent lourd sur le terrain. De plus il a eu une déchirure à la jambe droite (ischios-jambier) il y a un an, aussi il souhaite améliorer ses pratiques alimentaires pour éviter la survenue de blessures lors des entraînements/matches.
Par conséquent, il a adopté une alimentation qu’il pense équilibrée, mais on note des erreurs :
- AET insuffisant et non adaptés à la pratique sportive de B.B. ou à la DEJ
- suppression des féculents quasi-totale en semaine, mais lâcher prise sur le week end !!
- des quantités importantes de protéines animales (viandes, fromages) également sources d’AGS ! malgré cela, on note des apports protéiques totaux insuffisants (car les protéines végétales provenant des féculents sont manquantes),
- peu de sources d’acides gras essentiels (huiles végétales, poissons gras, fruits oléagineux)
- hydratation insuffisante, en particulier inexistante lors des entrainements
- peu/pas suffisamment de fruits/légumes frais : apports en vitamine C insuffisant,
- apports calciques insuffisants,
- apports en fibres insuffisants.
3.2.4. Mesures et évaluation des DEJ
Pour évaluer les DEJ, on utilise la formule : DEJ = NAP x MB
Où MB est le métabolisme de base calculé avec la formule de Black and Co
Hommes : MB = 1,083 x P0,48 xT0,50 x A-0,13
P : poids en kg, T :taille en m, A : âge en années
Avec P = 109,9kg, T = 1,80m, A = 27 ans
Le MB de B.B est donc de 9,03 MJ soit 2158 kcal.
Les DEJ évaluées sont les suivantes :
ü DEJ = 12,5MJ ≈2990 kcal si journée de repos sans sport
ü DEJ = 13MJ ≈3100 kcal si journée travail (bureau) sans sport
ü DEJ = 15 MJ ≈3600 kcal si journée travail + préparation physique
ü DEJ = 17 MJ ≈4050 kcal si journée travail + préparation physique + entraînement rugby
Pas de structure de programme proposée pour une journée de match, car B.B n’a plus de match (trève estivale) sur cette période.
Par souci de simplification nous parlerons de masse maigre (MM) plutôt que de masse non grasse (qui comprend également la masse osseuse, constante) :
2014 : semaine n° | poids à jeun en kg | %MG | MG en kg | évolution MG en % | MM en kg | évolution MM en % |
18 | 109,9 | 22 | 24,18 |
| 85,72 |
|
19 | 109 | 21,6 | 23,54 |
| 85,46 |
|
20 | 108 | 21,2 | 22,89 |
| 85,11 |
|
21 | 107,3 | 20,7 | 22,21 |
| 85,09 |
|
22 | 106,9 | 20,1 | 21,48 |
| 85,42 |
|
23 | 107,2 | 19,7 | 21,11 |
| 86,09 |
|
24 | 107,5 | 19,2 | 20,64 |
| 86,86 |
|
final |
|
| perte de 3,54kg | -14,6% | gain de 1,14kg | +1,3% |
3.2.5. Bilan alimentaire et conseils nutritionnels personnalisés
Les structures de repas proposées à B.B sont définies à partir des DEJ calculées précédemment. Les AET sont maintenus sur les 7 semaines de travail. Toutefois, des modifications sont apportées pour être en accord avec les contenus de la préparation physique : endurance (glucides++), force (protéines++), et les préconisations pour ces 2 macro-nutriments :
- Glucides : 5-12g/kg/j
- Protéines : 1,6-2g/kg/j
Ainsi, les féculents sont réintroduits sur chaque repas. Les fruits et légumes sont apportés en quantités répondant aux exigences du PNNS (5 fruits et légumes par jour) et du sportif, afin d’apporter les vitamines anti-oxydantes nécessaires. Il est impératif d’atteindre les ANC en fibres : favorisent un bon transit intestinal et la satiété, prévention de cancers colorectaux, effets bénéfiques sur la glycémie et la cholestérolémie. De plus, des apports satisfaisant en glucides (complexes et simples) assurent un meilleur approvisionnement des filières énergétiques (anaérobies lactiques en particulier), et permettent l’épargne des protéines musculaires à l’effort (donc en prévention de blessures musculaires !).
Les viandes et fromages sont apportés dans des quantités plus limitées, afin de limiter les AGS et permettre la consommation de poissons, dont poissons gras, sources d’AGPI oméga 3. Les huiles végétales sont également indiquées pour leurs apports en acides gras essentiels.
Même si les apports en protéines pourraient être augmentés, leur apport est optimisé au travers de collations de récupérations apportées dans les 30 minutes, dès la fin de la séance : ainsi une collation glucido-protidique adéquate permet de favoriser la resynthèse glycogénique et la resynthèse protéique + limitation de la protéolyse (13)(14).
L’hydratation tout au long de la journée, et lors des entraînements est revue. Il n’est pas proposé de boisson de l’effort à B.B. pour le moment compte tenu de la durée et conditions climatiques. Toutefois, il pourra être envisagé de lui en proposer une, facilement réalisable avec du jus de fruit dilué dans de l’eau : par exemple, 1L de boisson avec moitié jus de pomme et moitié eau + 1-1,5g de sel de table. Des apports glucidiques lors d’une séance permettent l’épargne glycogénique et ainsi de maintenir plus longtemps une intensité d’effort.
D’autre part, une alimentation équilibrée et une bonne hydratation doivent aider à prévenir les blessures lors des entraînements. Cet aspect n’est pas négligeable lorsque l’on sait que 25% des blessures chez les joueurs professionnels entrainent 8-13 jours d’arrêt de travail, ce qui correspond à une disqualification théorique pour un match dans notre championnat. 34% des blessures occasionnent 28j à 3 mois d’arrêt de travail, soit une disqualification pour 4 matches ou plus !(11)
Les conseils proposés à B.B. doivent absolument tenir compte de ses goûts/aversions alimentaires !! Le cas échéant, il risque de ne pas adhérer et ne voudra pas suivre le programme à long terme !
Ainsi, B.B., qui au départ était motivé pour avoir des conseils nutritionnels, a effectivement appliqué les conseils et suivi les structures de repas. Il a fallu près de 10 jours, pour qu’il les suive dans leur intégralité (aspects logistiques et organisationnels : revoir ses repas, ses habitudes, faire les courses, etc…). En finalité, il a perdu du poids, avec une perte de 3,5kg de MG et gain de 1,1 kg de MM !! Par la suite, il faudrait pouvoir capitaliser sur ces premiers résultats obtenus en période de fin/inter-saison, afin d’atteindre un %MG encore plus optimal (16% serait déjà bien !!) sur la prochaine saison. Par conséquent, cela implique une assiduité de la part de B.B. et un suivi prolongé de ma part : en effet je pense continuer à l’entrainer.
A titre d’exemple, je joins des structures type de repas proposés à B.B :


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